Exercices de réalisation et création - détails
Exercices de réalisation et création
2025
L'Expérience des lieux
Nicolas Droin
Exercices de création individuels
1 . « Dérive poétique »
Faire, seul.e, un parcours libre et non préalablement prévu, une dérive, dans les lieux de votre choix (ville, campagne…), de jour ou de nuit, et réaliser un ensemble de photographies (numériques et/ou argentiques).
Le rendu de cet exercice se fera par mail et uniquement sous la forme d’un document en PDF dans lequel vous aurez disposé vos photographies. Vous pouvez ajouter des notes, des impressions, des mots, des poèmes, ou des musiques ou chansons associées si vous le souhaitez.
Ces photographies peuvent porter sur des détails, des inscriptions, des tags, des couleurs, des éclats de lumière, des reflets, des publicités, des lampadaires, des anfractuosités de troncs d’arbres, des fourmis traversant un mur, des fleurs…et tous éléments participant des lieux que vous traversez.
La logique de prise des photographies (et ensuite de leur choix final) doit être déterminée par le hasard du parcours et par votre sensibilité personnelle à ce que vous photographiez.
Il s’agit de porter un regard sensible, poétique, simple, sur ce que d’ordinaire – peut-être – nous ne voyons pas, car ne prenant pas le temps de regarder.
Il s’agit d’être touché.e ou amusé.e ou énervé.e par ce que vous photographiez. Il ne s’agit pas de prendre en photo des détails pour prendre une photo sans ressenti.
La logique d’un parcours libre et non prévu doit être respectée : il ne s’agit pas de cumuler des images venant de plusieurs lieux et temps distincts mais de tenter l’aventure d’une marche au hasard, sans but, sans connaissance préalable et de s’ouvrir à ce que votre regard croise, dans une durée déterminée.
Vos photographies peuvent comprendre des animaux ou des humains, même s’il ne s’agit pas nécessairement de l’objectif premier de l’exercice. Souvenez-vous que c’est un être humain – vous ! - qui tient l’appareil et regarde, puis cadre, compose et prend la photo.
Vous pouvez retoucher vos photographies à la marge, les recadrer après-coup, mais il ne s’agit pas de créer une vision basée sur des effets postérieurs à la vision et au parcours mais plutôt de restituer la vérité sensible de l’instant.
Ne cherchez pas à trop interpréter vos images, ni nécessairement à construire – de force – du sens à l’enchainement de vos images. Acceptez l’imprévu, acceptez l’inattendu. Acceptez de vous perdre.
Si ce qui nous entoure dévoile quelque part dans nos choix, nos cadres, une part de nous-même ou de notre inconscient, nul n’est besoin de forcer les choses et de les obliger à signifier. Il suffit d’errer.
A LIRE : en savoir plus sur la dérive :
2. « Haïku » - agencement intime
« J’éteins la lampe à pétrole
J’allume la lanterne de papier
Cris lointains des grenouilles »
« Tout le monde dort
Rien entre
La lune et moi »
L’exercice consiste à réaliser un court film inspiré de la forme du Haïku japonais, poèmes composés de trois vers, mêlant souvent des sensations intimes avec des lieux, des lumières, des météorologies.
Il s'agira de construire une forme d'agencement poétique / mental / sensible à partir de ces trois plans.
Propositions :
Réaliser un court film composé de trois plans, comme les trois vers du poème japonais.
Deux des trois plans sont nécessairement de l’image mouvement (même si vous pouvez filmer en plan fixe une photographie ou un tableau).
L’un des trois plans devra comporter un « événement » météorologique (pluie, soleil, vent, neige,…).
Vous pouvez ajouter une musique sur l’un des trois plans mais uniquement si elle est intradiégétique.
Pour respecter la forme courte du poème chacun de vos plans de ne devra pas durer plus de 2min chacun.
Rendu : un à deux haïku par personnes (un obligatoire, deux si vous le souhaitez).
Exercices de création collectifs, en groupes
Le travail en groupe (entre 2, 3 ou 4 personnes par groupes) est une aventure parfois complexe. Il s’agit d’abord d’accepter de s’écouter, de partager et ensuite d’arriver à faire des choix collectifs respectueux de tou.te.s. Il y trois exercices en groupe, vous pouvez, selon vos idées et sensibilités, vous partagez les « directions » des exercices, ou tout travailler collectivement.
Vous pouvez changer de groupe entre les exercices.
3. « Dépaysement »
Il s’agit d’investir l’université Paris 8 comme lieu d’exploration et de création. Durant les trois heures du cours chaque équipe part avec sa caméra et va réaliser un court film (fiction, documentaire, expérimental) tourné en plan séquence et dont le mixage sonore sera travaillé et ajouté a posteriori.
L'idée cette année sera de réaliser un court film en un unique plan séquence (sans trucage), dont la bande sonore, constitué de strates multiples, viendra dépayser et transformer l'espace / la situation.
Un repérage intensif des lieux (et recoins cachés) de l’université sera nécessaire.
Le travail sonore pourra se faire avec des enregistrements réalisés par vous même (ce qui est grandement recommandé afin d'expérimenter "l'expérience sonore des lieux") : ces sons ne seront pas synchrones (en tout cas pas en majeure partie). L'idée est d'enregistrer des sons dans d'autres lieux afin de transformer/dépayser l'université.
Vous pouvez également utiliser sans en abuser des banques de sons, afin de construire ou finaliser vos ambiances.
Un soin particulier devra être apporté au cadre (fixe ou en mouvement), aux choix des espaces filmés, au décor (des éléments de décor peuvent être ajoutés), aux habits, costumes ou maquillages si nécessaire.
Conditions :
Le film se tournera uniquement durant les trois heures de cours.
Le film est constitué d'un unique plan séquence sans coupure.
Le film peut être en noir et blanc ou couleur, ou les deux.
Ce qui compte notamment dans cet exercice c’est la composition du cadre (fixe ou en mouvement) en fonction de l'architecture et de l'agencement singulier des lieux choisis. Quelles lignes, aplats, perspectives, diagonales, cadres dans le cadre, couleurs, lumières viennent donner force à vos images ?
L’architecture du lieu est centrale dans cet exercice et un regard sensible, poétique ou critique sur celle-ci est encouragé.
4. « Symphonie des lieux »
A l'image des symphonies urbaines, l'exercice consiste en la réalisation d'une symphonie des lieux (urbains ou non), autour de motifs, de répétitions, de variations formelles, sur un morceau de Rone : Brest.
Processus :
Dans un premier temps, il vous faudra réfléchir (en marchant, en cherchant et en filmant) aux lieux et motifs qui vous inspirent pour votre "symphonie".
Le choix des lieux et des motifs, leur répétition et leur variation, leurs formes, seront déterminants.
Commence alors un très grand travail de collecte, de glanage d'images, de lieux, de motifs (différentes temporalités et météorologies apporteront beaucoup à votre composition finale).
Le morceau de Rone sera à analyser afin d'en dégager les variations, les ruptures, les évolutions et construire l'évolution de votre montage, la durée des plans, le rythme, mais aussi l'utilisation des éventuels mouvements de caméra.
Des sons d'ambiance peuvent éventuellement être ajoutés à la bande sonore composée du morceau de Rone.
Pour en savoir plus sur les symphonies urbaines :
Les « symphonies urbaines » dans le cinéma des années vingt
5. « Palimpseste »
L'exercice consiste à réaliser un film (documentaire, fiction, expérimental - ou en mêlant librement toutes ces approches) qui part d'un lieu unique.
La contrainte principale de l'exercice consiste à montrer ce même lieu dans plusieurs temporalités différentes.
Toutes les formes et expérimentations sont possibles. Tous les matériaux, filmiques ou photographiques, sont possibles.
Le film pourra également comporter (si cette piste vous inspire) des moments d'animation image par image, ou par dessin ou autre technique (collage...).
Le film devra s'accompagner d'un travail sonore singulier et développé : il ne s'agira pas de plaquer une musique ou des sons sur les images, mais de travailler le son (la prise de sons originaux est nécessaire) comme une matière organique et créative.