ANDREI TARKOVSKI
ANDREI TARKOVSKI - notes discontinues
Andreï Tarkovski, Le temps scellé, Cahiers du cinéma
p.18/19
« Combien de mots connaît une personne ? Et combien en utilise-t-elle dans son langage courant ? Un tiers ? Un centième ? Nous habillons nos sentiments par des mots, (…). Il existe un autre langage, une autre forme de communication : c’est celui des sentiments et des images. (…) Les limites de l’écran sont repoussées, et le monde qui était séparé de nous, nous pénètre, devient réalité. (…)Il n’y a plus de mort. Il ne reste que l’immortalité. Le temps est unique et indivisible. »
p.26
« Les liaisons poétiques apportent davantage d’émotion et rendent le spectateur plus actif. »
p.30
« L’authenticité des événements et la vérité intérieure ne se ramènent pas, selon moi, à la fidélité au fait brut, mais plutôt au compte rendu exact de la perception qu’on en a eue. »
p.36
« La mémoire doit opérer tout un travail avant de devenir le fondement d’une reconstitution artistique de ce passé. »
p.36/37
« La poésie des souvenirs disparait par un contact trop direct avec leur source d’inspiration. Ce principe de fonctionnement de la mémoire me parut alors pouvoir servir comme l’idée directrice d’un film passionnant, où la logique des événements et du comportement d’un homme serait déréglée par l’évocation de ses rêves et de ses souvenirs. »
p.58
Gogol : « Je dois évoquer la vie, et non raisonner sur elle. »
« Le poète ne fait que penser en termes d’images, et exprimer sa vision du monde à travers des images. »
p.74
« La force du cinéma, est dans le rapport nécessaire et inséparable avec la matière de la réalité qui nous entoure à chaque instant. »
p.110
« Le processus de création d’une œuvre est une lutte avec le matériau, pour le maîtriser et l’amener à la pleine réalisation de l’idée qui animait l’artiste dans sa toute première inspiration. »
p.111
« Le peintre par la couleur, l’écrivain par les mots, le compositeur par les sons, tous ces créateurs mènent un combat acharné, exténuant, pour maîtriser le matériau qui sert de base à leurs œuvres. »
p.122
« L’image est quelque chose d’indivisible et d’insaisissable, qui dépend autant de notre conscience que du monde réel qu’elle tend à incarner. Si le monde est énigmatique, l’image le sera aussi. Elle est une sorte d’équation qui désigne la corrélation existant entre la vérité et notre conscience limitée à son espace euclidien. »
p.124
« La reproduction naturaliste des faits est insuffisante à la création de l’image cinématographique. »
p.134
« Le maître tout puissant de l’image cinématographique est le rythme, qui exprime le flux du temps à l’intérieur du plan. »
p.141
« Ma conviction profonde est que l’élément fondateur du cinéma est le rythme, et non le montage comme on a tendance à le croire. »
p.144
« Je vois donc comme dessein professionnel la création d’un flux de temps qui me soit distinct et individuel, de transmettre dans le plan ma propre perception de son mouvement, du plus lent au plus impétueux. (…) Le montage perturbe le cours du temps, l’interrompt et, simultanément, lui rend une qualité nouvelle. Sa distorsion peut être un moyen de son expression rythmique. Sculpter le temps ! »
« Pour désigner ces intensités temporelles inégales, prenons les métaphores du ruisseau, du torrent, du fleuve, de la cascade, de l’océan, lesquels, articulés ensemble, constituent un tracé rythmique unique, une nouvelle formation organique, reflet de la perception du temps qu’a l’auteur. »
p.145
« Le montage révèle l’écriture du réalisateur. Il exprime son attitude à l’égard de l’idée de base du film, il est la représentation ultime de sa conception du monde. »
p.189
« Un monde sonore minutieusement organisé est déjà musical dans son essence. »
p.208
« Le cinéma, quant à lui, opère avec des matériaux donnés par la nature même, manifestés par un passage du temps dans l’espace, et que nous pouvons observer autour de nous, parmi nous. »
p.222
Dostoïevski :
« Ils affirment que la création artistique doit refléter la vie, et ainsi de suite…C’est absurde ! L’écrivain, le poète, crée lui-même la vie, et une vie telle qu’elle n’a jamais existé avant lui… »